Les six pratiques du Bodhisattva


La vie quotidienne n'est rien d'autre que les six pāramitā

Le premier chapitre du Sūtra du Diamant, décrit essentiellement les occupations ordinaires dans la vie quotidienne de Bouddha : s'habiller, préparer son bol, demander l'aumône, se laver les pieds, préparer son siège ...

Bouddha a atteint l'Eveil et il possède les six pouvoirs surnaturels ; pourquoi a-t-il donc encore, besoin de manger et de se vêtir ? Si nous voulons déchiffrer le Sūtra du Diamant, pratiquer le Sūtra du Diamant, parfaire le Sūtra du Diamant, nous devrons saisir cette période de charme-prajñā de Bouddha, comprendre que le prajñā n'offre pas un double visage et que tout existe à cet instant même.

Sous la dynastie Tang, vivait le Maître Chan, Hui-Hai qui, un jour, rendit visite, pour la première fois, au Maître Chan, Mazu Daoyi.

« Pourquoi es-tu venu ? » lui demanda ce dernier.

« Je suis venu pour le Dharma. » répondit Hui-Hai.

« li n'y a rien chez moi. Qyel dharma cherches-tu ? Tu ne te soucies pas de ton propre trésor et tu abandonnes ta demeure ...Qyel dharma, veux-tu donc trouver ? »

« Alors, dites-moi, Maître, qu'est-ce que mon trésor propre ? Qyel est mon aspect originel ? »

« Celui qui est en train de me poser des questions, est ton trésor propre, complet et sans lacune. Pourquoi veux-tu chercher ailleurs ? »

Bouddha nous a montré les scènes ordinaires de la vie quotidienne, dans le but de dessiller nos yeux et d'ouvrir notre coeur hésitant. Notre nature propre est avec nous, au moment même de chacune de nos occupations. Car la vie n'est rien d'autre que les six pāramitā, qui diffusent la lumière du prajñā dans notre vie quotidienne.

Dans le déroulement d'une journée de la vie de Bouddha, depuis « s'habiller et manger », jusqu'à « se laver les pieds et s'asseoir », les six pāramitā sont représentés. Ces images de la vie quotidienne représentent l' « Apparence » du prajñā, mais elles découlent aussi de son « Essence » et ses applications dans la vie quotidienne mettent en lumière, son « Utilité ».

Le Prajñā est le guide des six pāramitā, la torche qui illumine la pratique. Bouddha a montré ce mode de vie, conforme aux six pāramitā, sans faire appel au moindre pouvoir surnaturel. Il voulait ainsi nous apprendre à chercher à l'intérieur de nous-mêmes, à réaliser une vie prajiïa rayonnante, à dissiper les mirages obscurs de notre intérieur. Nous apprendre à ne dépendre, pour échapper aux fléaux, ni des bénédictions d'un quelconque maître, ni de talismans ou d'eau bénite ... Il est dit dans le Kṣitigarbha-praṇidhāna-sūtra: « Humble et souriant, distribuer les aumônes personnellement ». Pour guider les êtres sensibles, les bouddhas et les boddhisattvas sont toujours humbles et souriants, toujours pleins de modestie.


Le Prajñā est une lumière, une lumière sans souillure, pure et naturelle. Rayonner n'est pas un privilège réservé exclusivement aux bouddhas et bodhisattvas. Dans la vie quotidienne, quand nous prononçons de douces paroles, notre bouche n'est-elle pas rayonnante ? Qyand nous servons les autres personnellement, nos mains ne sont-elles pas rayonnantes ? Qyand nous restons patients et tolérants face aux critiques et diffamations des autres, notre corps n'est-il pas rayonnant ? ll est dit dans le Lankāvatāra-sūtra : « Ne laisser émerger aucune pensée, aucun désir, c'est être imperturbable comme Bouddha ». Telle est la vie illuminée par le rayonnement du Prajñā.

Comment obtenir le Prajñā ? Comment retrouver notre nature propre ? Personne ne peut le faire à notre place ! Je vais citer un

Gong-An pour le démontrer et conclure ce chapitre : Le Maître Chan Daoqian et son grand ami, le Maître Zhongyuan, effectuaient ensemble, un voyage d'étude. Ils avaient déjà parcouru une longue route et Maître Zhongyuan se plaignait des difficultés du chemin et de la fatigue. Mainte fois, il demanda à interrompre le voyage. Maître Daoqian le consolait en lui disant : « Nous avons décidé ensemble de faire ce voyage d'étude et nous avons déjà effectué une si longue route, que ce serait bien dommage d'abandonner maintenant ! Donc, à partir de cet instant, tout ce que je peux faire pour t'aider, je le ferai, à l'exception de cinq choses ».

Maître Zhongyuan demanda : « Lesquelles ? »

Maître Daoqian lui répondit tout naturellement : « se vêtir, manger, déféquer, uriner et marcher. »

Maître Zhongyuan s'est alors enfin aperçu que, tous ces actes, personne ne pouvait les faire à sa place !